Malgré l’émergence continuelle de nouvelles données dans le domaine du développement de l’enfant, certains principes fondamentaux persistent, principalement en ce qui concerne l’apprentissage et le déroulement du développement. Parmi ces grandes règles et éléments conceptuels récurrents, se retrouvent notamment la variabilité et l’aspect non linéaire des trajectoires développementales ainsi que les périodes critiques.
Variabilité dans le développement humain
Typiquement, le développement humain est décrit comme un ensemble de séquences organisées suivant lesquelles l’enfant évolue jusqu’à l’âge adulte. Ainsi selon ces séquences, il est possible d’identifier des repères (milestones) développementaux, repères ou habiletés clés qui constituent les fondements sur lesquels les normes sont définies. Ces normes, établies en comparant le développement de plusieurs enfants à un âge donné, permettent de calculer le quotient de développement (QD). Le QD réfère en fait au ratio entre l’âge fonctionnel d’un enfant dans une ou plusieurs sphères développementales divisé par son âge chronologique (Accardo, Accardo, & Capute, 2008). Malgré la simplicité et la prévisibilité apparentes de ces séquences ordonnées, une réalité fort plus complexe existe, même pour l’enfant ayant un développement dit normal (Vereijken, 2010).
En effet, des variations peuvent exister non seulement au niveau des âges auxquels les enfants acquièrent les différentes habiletés, mais aussi dans la séquence d’acquisition des habiletés à l’intérieur d’une sphère de développement. De fait, cette séquence n’est pas obligatoire et peut varier considérablement d’un enfant à l’autre (Vereijken, 2010). Toutes ces variations sont à la base des différences individuelles qui caractérisent le développement humain et reflètent bien les interactions gènes-environnement qui font de chaque personne un être unique. (Levine & Munsch, 2011; Levine et al., 1999).
Aspect non-linéaire des séquences développementales
Bien qu’à première vue le cours du développement puisse paraitre linéaire et suivant un rythme régulier, il est important de retenir qu’il est plutôt caractérisé par des poussées, des régressions et/ou des plateaux (ou combinaisons de ceux-ci) de durées variables (Adolph et al., 2008). Le quotient de développement, défini comme le ratio entre l’âge fonctionnel d’un enfant dans une ou plusieurs sphères développementales divisé par son âge chronologique, est utilisé pour quantifier ces différents patrons de trajectoires développementales (Accardo, Accardo, & Capute, 2008).
Une poussée indique l’émergence rapide d’une série d’habiletés dans une sphère développementale, alors qu’une régression réfère à un retour à un niveau développemental antérieur dans une sphère. Pour sa part, le plateau décrit une stagnation temporaire des acquisitions dans une sphère développementale. Ces différents patrons peuvent survenir en parallèle dans différentes sphères, comme une poussée dans une sphère alors qu’une régression survient dans une autre sphère (Adolph et al., 2008).
Adolph et al. (2008) ont tenté d’illustrer différents exemples de trajectoires de développement qui peuvent être consultés en suivant l’hyperlien suivant : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2654330/figure/F1/
Périodes critiques
Un autre concept essentiel pour bien comprendre le développement et ses facteurs d’influence est la notion de période critique. Une période critique réfère à une fenêtre temporelle durant laquelle le cerveau de l’enfant est le mieux disposé biologiquement pour acquérir une nouvelle habileté. Pour ce faire, il doit être exposé aux stimuli appropriés. Des changements de configuration des circuits neuronaux en résulteront (Ressources humaines et développement des compétences Canada, 1997).
Les périodes critiques semblent comprendre deux phases. La première phase réfère au moment où les neurones sont les plus sensibles à la présence ou l’absence des stimuli environnementaux. S’ensuit la deuxième phase où cette sensibilité diminue graduellement en raison de la perte de plasticité des régions cérébrales et des circuits neuronaux en question. La période critique terminée, la présence ou l’absence des stimuli environnementaux n’affectent plus de manière aussi significative le comportement de l’enfant. À défaut de ne pas être exposé aux stimuli appropriés pendant une période critique, il semblerait que des modifications irréversibles ont lieu au niveau synaptique rendant l’acquisition de certaines habiletés plus difficile, voire impossible (Le cerveau à tous les niveaux, n.d.; Ressources humaines et développement des compétences Canada, 1997).
Bien que la notion de « période critique » laisse supposer qu’un déficit irrémédiable en résultera si elle n’est pas respectée, ce n’est pas toujours le cas (Ressources humaines et développement des compétences Canada, 1997). À cet effet, certains auteurs distinguent les périodes sensibles des périodes critiques. Les périodes sensibles réfèrent aux intervalles temporels durant lesquels le cerveau est particulièrement réceptif aux expériences. Ces périodes sont dites critiques seulement si la présence ou l’absence d’une expérience résulte en un changement irréversible (Fox, Levitt, & Nelson III, 2010).
Prochaine section: Concepts spécifiques utiles en thérapie.