Ce module a été conçu par:
Laurence Meunier-Cardinal, étudiante à la maîtrise professionnelle en ergothérapie.
Julie Gosselin, professeur titulaire en ergothérapie à l’Université de Montréal.
L’importance de l’alimentation
L’alimentation est l’une des activités les plus importantes; elle est essentielle au bon développement et à la bonne santé des enfants (Organisation mondiale de la santé, 2003). Une mauvaise alimentation peut mener à de nombreuses conséquences autant sur le plan de la santé qu’au niveau du développement moteur, intellectuel, social et affectif de l’enfant (Organisation mondiale de la santé, 2003).
Cette activité sollicite plusieurs systèmes pour être effectuée de façon optimale et sécuritaire. C’est un processus développemental qui évolue avec l’enfant au fur et à mesure qu’il acquiert de nouvelles habiletés. Afin que l’enfant puisse développer toutes les composantes nécessaires à l’alimentation, il est nécessaire que l’enfant ait une bonne maturation cérébrale et qu’il développe de bonnes habiletés sensorimotrices.
Cette activité implique également beaucoup d’autres composantes, dont la culture (religion, habitudes alimentaires) et la disponibilité des aliments (contexte socio-économique, capacité financière, climat). L’alimentation est aussi fortement liée au plaisir et aux interactions sociales. Les contacts sociaux qui s’opèrent durant les périodes d’alimentation sont d’une grande importance pour le développement socio-affectif; il constitue un moment de prédilection pour développer plusieurs habiletés outre celles liées à l’alimentation.
Comment ça marche?
Un bon fonctionnement de l’alimentation requière le développement de plusieurs sphères d’habiletés. Ces habiletés suivent généralement un ordre précis d’acquisition, cependant il est possible que le développement de l’enfant soit un peu différent en fonction de ses capacités, ce qui fait en sorte que dans son développement, un enfant puisse sauter des étapes ou encore avoir certains plateaux dans le développement de certaines sphères. C’est pourquoi ces indications du développement y sont à titre indicatif. Si un enfant présente un retard dans son développement, il est important qu’une évaluation plus poussée soit complétée afin d’offrir à l’enfant les meilleurs soins possible.
Les informations suivantes proviennent de plusieurs ouvrages de référence et de différentes sources.
0-3 mois
- Présente des réflexes et mouvements stéréotypés qui serviront de base aux patrons moteurs plus matures. Parmi ces réflexes s’observent: le réflexe de succion, le réflexe de fouissement, le réflexe phasique de morsure, le réflexe nauséeux et le réflexe de succion-déglutition.
- Procède un réflexe de succion efficace.
- Sait trouver le sein seul avec son réflexe de fouissement.
- Adapte la position de sa langue au sein pour contrôler un flot de lait trop abondant pour lui.
- Ouvre la bouche à la vue du sein ou du biberon (1 mois).
- Porte ses mains à sa bouche (3 mois).
- Introduction des premiers aliments solides à la fin de cette période.
- Intégration des réflexes oraux, l’alimentation devient plus volontaire et moins automatique (l’enfant peut avoir un peu plus de difficulté à l’alimentation durant cette transition)
- Développe progressivement un patron de succion plus mature, caractérisé par des mouvements haut-bas de la langue et une plus grande dissociation langue-mâchoire.
- Est en mesure de faire ses rots seuls,
- Apparition des premières dents apparaissent.
7-9 mois
- Est de plus en plus habile à mordre et mastiquer des aliments fondants ou mous.
Est capable de mieux vider le contenu de la cuillère à l’aide de ses lèvres et il ne perd plus le liquide lorsqu’il boit à la bouteille ou au sein.
- Peut déplacer des aliments du centre de sa langue vers les côtés de sa bouche en raison d’une meilleure dissociation des mouvements de la langue
- Commence à se nourrir à l’aide de ses 4 doigts et ferme le point à l’aide du pouce (prise latérale)
10-12 mois
Mange avec ses doigts à l’aide de la pince pouce-index.
- Peut avaler les lèvres fermées
- Commence à boire à la tasse (gobelet) qu’il stabilise souvent à l’aide de ses dents.
- Commence à utiliser seul une cuillère.
- Aime trouver des morceaux dans sa nourriture.
12-18 mois
Accepte une grande variété d’aliments.
- Boit seul dans une tasse (gobelet) lorsqu’elle est pourvue d’un bec verseur avec ou sans anses,
- Peut boire dans un verre en le tenant avec ses deux mains sous la supervision de l’adulte et l’on observe de plus en plus de mouvements vers le bas de la lèvre supérieure.
- Commence à se nourrir seul en toute sécurité si la nourriture est coupée en petits morceaux.
- Peut utiliser une cuillère, mais échappe fréquemment sa nourriture.
Doit être encouragé à boire de plus en plus d’eau au courant de sa journée.
- Commence à démontrer certaines préférences alimentaires.
19-24 mois
- Commence à boire à la paille
- N’a plus besoin de stabiliser le verre avec ses dents,
- Réussit progressivement à ne pas renverser le contenu du verre
- Parvient à utiliser une fourchette et une cuillère.
- Découvre de nouvelles textures et de nouveaux goûts par une alimentation variée.
2 ans
- Est capable de manger ce qu’il veut, mais il y a toujours des risques d’étouffement.
- Boit seul avec une seule main.
- Mange avec une cuillère par lui-même et pousse la nourriture dans la cuillère avec ses doigts.
- Peut mastiquer les lèvres fermées.
- Nettoie ses lèvres avec sa langue.
- Comprends qu’il a faim ou non : peut demander ou refuser de la nourriture (avec des mots, en repoussant l’assiette, en jouant avec la nourriture)
- Perd rarement de la salive, même lorsqu’il est concentré sur une tâche de précision
3 ans
- Utilisent une fourchette et pique les aliments
- Mastique efficacement la plupart des aliments,
- Commence à demander ses aliments favoris
- Peut verser du liquide d’un contenant à un autre
4 ans
- Distinguent bien les différents goûts
- Croque sans difficulté dans des aliments durs (ex. : noix)
- Tient ses ustensiles comme un adulte
- Utilise progressivement un couteau pour tartiner puis éventuellement couper les aliments, mais nécessite encore de l’aide et de la supervision
Quand ça ne va pas
Parfois, il peut arriver que, pour plusieurs raisons, l’alimentation soit perturbée. Dans le cas des enfants avec une paralysie cérébrale, il est fort probable que l’enfant présente un problème d’alimentation.
Chez l’enfant présentant une paralysie cérébrale, les systèmes sensoriels et moteurs peuvent être fortement atteints. Cela peut entraîner plusieurs déficits qui vont nuire à l’acquisition des habiletés nécessaire à l’alimentation. Les atteintes neuro-motrices peuvent entraîner des difficultés au niveau de la succion (primitive et mature), de la mastication, de la déglutition, de l’introduction des textures solides et des habiletés motrices nécessaires au développement de l’autonomie à l’alimentation. La paralysie cérébrale amène également une atteinte des systèmes sensoriels.
Ces différentes atteintes découlant de la paralysie cérébrale peuvent particulièrement causer des troubles d’alimentation associés à une condition médicale comme la dysphagie et des problèmes d’alimentation d’origine sensorielle.
*Vidéo expliquant les différentes phases de déglutition
Plusieurs signes peuvent permettre de soupçonner un problème d’alimentation. En voici quelques-uns à titre indicatif seulement, si un problème d’alimentation plus grave ou si les signes persistent il est important de consulter un spécialiste afin d’assurer la sécurité et le bien-être de l’enfant.
- Présence d’étouffement lors de l’ingestion de liquide ou d’aliment
- Haut-le-cœur ou réflexe nauséeux qui entravent l’alimentation.
- Incapacité pour l’enfant d’expulser efficacement la nourriture de ses voies respiratoires (toux inefficace).
- Perte de poids ou retard dans la prise de poids en fonction de la courbe pondérale normale
- Augmentation de l’anxiété avant la prise des repas, augmentation des signes agitation, et de stress
- Refus de manger, détourne la tête, fait des crises
- Refuse certaines textures ou mange seulement quelques aliments en respectant un patron précis (couleur, texture, goût, forme)
Afin de bien dépister les problématiques au niveau de l’alimentation, voici quelques éléments à observer et questions à vous poser afin de bien guider vos interventions :
- Durée des repas : court, normal, long
- Présence de bruit anormal pendant ou après la déglutition
- Présence d’étouffements/toux après la déglutition
- Salivation : normale, abondante, faible
- Position lors de l’alimentation : assis, couché
- Variété des aliments consommés
- Texture des aliments consommés
Afin de pousser votre évaluation, vous pouvez également observer la posture de l’enfant :
- Position de la tête (flexion, extension) inclinaison (droite, gauche)
- Position du tronc (rotation, inclinaison, flexion)
- Mouvement des bras : épaules, coudes, poignets (flexion, extension, rotation)
- Contrôle musculaire (mouvement volontaire, précision des mouvements, avec ou sans résistance, spasticité)
- Posture globale de l’enfant
- Dans quelle position l’enfant mange-t-il?
Au niveau de l’environnement de l’enfant, vous pouvez observer :
- L’endroit dans lequel l’enfant mange
- En présence de qui l’enfant mange-t-il?
- Si l’enfant est nourri par une autre personne, par qui?
- Utilisation d’équipement adapté (fauteuil, chaise, ustensiles)
Qu’est-ce qu’on fait
Plusieurs interventions afin de faciliter les difficultés à l’alimentation. Voici quelques-unes des techniques qui peuvent être utilisés en fonction des difficultés identifiées. Cependant, il est important de rester à l’affût des complications et si jamais les signes persistent, il est important de consulter un spécialiste.
Les interventions sont présentées selon le modèle personne-environnement-occupation (PEO). Ce modèle permet de bien illustrer la relation entre ces trois sphères. Afin qu’une activité soit réalisée de façon optimale, les trois composantes doivent être impliquées. De plus, les interventions en ergothérapie vont cibler ces trois sphères.
Personne
Une intervention primordiale est le positionnement, et ce afin d’assurer la sécurité de l’enfant lors de l’alimentation et pour limiter les risques d’étouffement.
Les principes de positionnement de base sont :
Toujours privilégier un alignement des structures sur un l’axe central et ce même lors de l’alimentation en position couchée.
- La position de l’enfant devrait se verticaliser graduellement, suivant la capacité de l’enfant à bien contrôler sa tête. Une aide à la posture peut être nécessaire chez les enfants plus vieux ayant des incapacités motrices.
- Garder autant que possible la tête dans une position neutre.
- Afin d’augmenter la stabilité, on doit privilégier une flexion à 90 ° des bras, hanches, genoux et pieds lorsque c’est possible.
Si possible, favoriser une légère flexion vers l’avant d’environ 10 °, cela va limiter l’ouverture des voies respiratoires et limiter les risques d’étouffements.
- Si l’enfant n’est pas en mesure de maintenir cette position durant l’alimentation, vous pouvez utiliser des oreillers ou des coussin pour stabiliser la position de l’enfant. Vous pouvez les placer de chaque côté de l’enfant afin de lui offir des appuis thoraciques.
- Après le repas, il est important de maintenir la position assise au moins 30 minutes pour éviter les régurgitations.
*Attention aux particularités de l’enfant en lien avec sa condition médicale. Le positionnement doit être fait de façon individualisée en fonction des caractéristiques spécifiques de chaque enfant. Certaines conditions médicales peuvent causer des restrictions au niveau du positionnement.
Afin de maintenir cette position durant l’alimentation non autonome, il est important que le parent se place face à l’enfant afin d’éviter que celui-ci tourne la tête ou la penche sur le côté pour atteindre la cuillère.
- Si l’enfant présente un manque de tonus au niveau de la musculature du visage et de la bouche, vous pouvez à l’aide d’exercices simples aider à renforcer certains muscles.
(Images modifiées à partir de Barrier, date inconnue)
- Si l’enfant présente une salivation importante, vous pouvez l’encourager à ravaler sa salive lui-même en imitant bruyamment l’action. Vous pouvez également mettre une serviette au poignet de l’enfant et l’encourager à lui-même essuyer la salive qui coule de sa bouche. De plus, il se peut que la salivation excessive soit due à une mauvaise fermeture de la bouche, donc vous reportez à l’exercice précédent pour les exercices de fermeture de la bouche.Si l’enfant a de la difficulté à garder la bouche fermée, vous pouvez à l’aide de votre index exercer une légère pression sur le menton et abaisser la mâchoire vers le bas. Lorsque vous allez relâcher la pression, la mâchoire va se refermer. Vous pouvez répéter ces exercices plusieurs fois par jour.
Il est également possible de tonifier les lèvres, ce qui va naturellement faciliter l’alimentation. Pour ce faire, vous pouvez exercer une pression au-dessus de la lèvre supérieure du centre vers la commissure des lèvres, ainsi qu’en dessous de la lèvre inférieure.
- Vous pouvez également renforcer les lèvres en demandant à l’enfant de faire des bisous le plus bruyant possible, plus le bruit est fort, plus le mouvement est tonique.
Il est également possible de stimuler la musculature en appliquant des pressions autour des lèvres avec vos index soit vers la bouche de l’enfant ou vers les côtés du visage.Si l’enfant présente des problèmes au niveau de la sélectivité alimentaire, il est possible que la problématique soit en lien avec le système sensoriel de l’enfant qui est déréglé pour plusieurs raisons. Il est important de ne pas forcer l’enfant à manger des aliments qu’il ne veut pas manger, mais lui présenter régulièrement afin qu’il se familiarise à leur présence. Certains enfants ont besoin de plus de temps pour s’adapter à la nouveauté et plusieurs expériences positives peuvent être nécessaires avant que l’enfant apprécie vraiment un aliment. Si l’enfant est forcé à manger de la nourriture qu’il refuse, il est fort probable que cette expérience ne sera pas positive et il est possible que l’enfant associe la nourriture avec un état d’anxiété et cela peut devenir pire. L’enfant peut présenter plusieurs profils sensoriels.
Soit un profil hyperréactif. C’est lorsque l’enfant est très sensible aux stimuli qu’il perçoit. Il faut peu de stimulation pour que le stimulus soit détecté par rapport à un enfant avec un profil sensoriel normal. Avec ce type de profil, il est plus fréquent de rencontrer des problèmes de sélectivité alimentaire. Plusieurs manifestations peuvent nous indiquer la présence d’un profil hyperréactif. Lors de l’alimentation, l’enfant peut avoir plusieurs réactions aversives allant du détournement de la tête aux haut-le-cœur et même jusqu’à des vomissements.
À l’inverse, certains enfants présentent un profil hyporéactif, ce qui implique que l’enfant a tendance à moins bien sentir les choses, plus précisément, l’enfant nécessite plus de stimulation pour percevoir un stimulus comparé à un enfant sans problème sensoriel. Dans ce cas, l’enfant peut avoir peu d’intérêt envers les aliments. Il peut, ne pas bien sentir la nourriture qu’il a dans la bouche et la laisser s’accumuler. Aussi sa réaction réflexe peut-être perçut comme s’il recrachait la nourriture, mais en fait il est possible que le réflexe de déglutition ne soit pas en mesure de se déclencher, car le système sensoriel n’a pas peut-être pas détecté les aliments sur la langue.
Lorsqu’un enfant présente un profil sensoriel particulier, il est possible de faire quelques interventions afin de diminuer l’impact de ses désordres sensoriels.
Il est préférable de ne pas essuyer la bouche d’un enfant présentant des défenses sensoriel durant le repas afin de diminuer au maximum les stimulations tactiles durant le repas. Ce geste devient également prévisible lorsqu’il est fait au même moment.
- Lorsqu’on essuie la bouche de l’enfant à la fin du repas, il faut attendre que la bouche soit vide. De plus, il est important de ne pas utiliser la cuillère pour racler la nourriture qui sort. Il est préférable d’utiliser un linge ou une débarbouillette et d’essuyer la bouche en partant de l’extérieur du visage vers les lèvres de l’enfant. En faisant ce mouvement, vous pourrez essuyer la bouche de l’enfant et ces gestes vont aussi étirer et renforcer la musculature du visage et de la bouche (pression profonde).
Pour les boires, vous pouvez favoriser les bouteilles avec une paille à partir de l’âge de 18 mois environ. Boire dans une paille demande plus de force au niveau des muscles de la bouche et cela offre une stimulation importante pour les enfants. De plus, boire à la paille dans un gobelet favorise une bonne position de la tête et limite les risques d’étouffement.
Au niveau des textures :
- Il est possible que l’enfant ne puisse changer de texture de nourriture en lien avec des causes médicale, comme la dysphagie. Cependant, il est possible que ce soit l’enfant qui refuse de changer de texture de nourriture. Changer de texture alimentaire demande un long travail et il est important d’y aller au rythme de l’enfant. L’intégration des nouveaux aliments doit de faire progressivement en respectant le rythme de l’enfant. Si l’enfant a vraiment une préférence pour certains aliments, vous pouvez commencer par mélanger cet aliment avec un nouveau (en très petite quantité) et progressivement y augmenter la quantité de nouveaux aliments. Si possible ce nouvel aliment doit ressembler à l’aliment préféré de l’enfant, soit en texture, goût, couleur et forme.
- Au fur et à mesure que l’enfant grandit, on peut augmenter progressivement la consistance et la variété des aliments en les adaptant à ses besoins et à ses capacités (Organisation Mondiale de la Santé, 2006). Offrez un aliment nouveau à la fois et à intervalles de 3 à 7 jours. Ce laps de temps est important pour au moins deux raisons : l’enfant a besoin de temps pour se familiariser avec de nouveaux aliments et il vous sera plus facile d’identifier les aliments qu’il aime de ceux qu’il n’aime pas (Centre de référence en alimentation à la petite enfance, 2013)
- Servez d’abord à bébé des aliments en purée lisse. L’introduction progressive des diverses textures d’aliments se fera au fil des semaines et des mois.
- Évitez d’ajouter du sel, du sucre, des épices ou des matières grasses aux purées que vous faites.
- Commencez par 5 ml (1 c. à thé) de purée et augmentez par la suite. Laissez toujours votre bébé manger à sa faim. Ne le forcez jamais à manger et respectez son appétit.
- Toujours offrir les aliments solides à la cuillère, car l’enfant doit apprendre mastiquer les aliments.
Environnement
Afin de favoriser une prise des repas optimale, il est également important d’intervenir au niveau de l’environnement physique et social de l’enfant. En effet, l’enfant s’alimente dans un contexte qui est son contexte de vie.
- Afin de faciliter la prise des repas, il est important de toujours garder une ambiance de plaisir. Car cet enfant sera plus disposé à essayer de nouvelles choses si cela se fait dans le plaisir.
- Dans la mesure du possible, il serait important que l’enfant puisse prendre ses repas à table avec les autres membres de la famille. Cela va normaliser cette activité et les enfants apprennent beaucoup par comportement d’imitation. De ce fait, l’enfant pourrait être plus enclin à essayer de nouvelles choses s’il voit ses frères et sœurs qui mangent la même chose que lui.
- Il est toujours très pertinent d’impliquer les frères et sœurs dans ce processus. Cela va aider à créer des liens entre les membres de la famille et cela aide à créer une ambiance adéquate pour la prise des repas.
- Si l’enfant est facilement distrait durant les repas, il est préférable de limiter les sources de stimulation autour de lui afin qu’il puisse se concentrer sur le repas.
Occupation
Au niveau des occupations, il existe plusieurs interventions. Cependant compte tenu du contexte d’application, une approche de compensation est privilégiée. Il existe plusieurs adaptations possibles afin de faciliter l’alimentation et la prise des repas. On a vu plus haut que l’on pouvait agir directement sur l’enfant et sur son environnement physique et social.
Au niveau de l’occupation en tant que telle, nous pouvons agir au niveau des aliments en modifiant les textures au besoin, mais aussi au niveau des ustensiles. Il existe plusieurs sortes d’ustensile pouvant faciliter l’alimentation. Lorsque les enfants sont jeunes ou qu’ils ne peuvent s’alimenter seuls. Il est important d’avoir les ustensiles adaptés à leur condition.
Pour les jeunes enfants, il faut utiliser une cuillère de petite dimension, plus petite que la bouche de l’enfant. Préférablement faite en plastique assez souple pour éviter les blessures si l’enfant mord l’ustensile. Il faut également privilégier les cuillères qui ne sont pas creuses afin faciliter la vidange de la cuillère par l’enfant à l’aide de sa lèvre supérieure, et aussi afin de limiter la quantité de nourriture
ue l’enfant va avaler. On peut ainsi réduire les risques d’étouffement. Au fur et à mesure que l’enfant acquiert des habiletés oro-motrices, les ustensiles pourront évoluer jusqu’à l’utilisation d’ustensile pour adulte.
Pour boire, il existe plusieurs types de verre en fonction du stade de développement de l’enfant. Avec ou sans anses, avec ou sans bec/ouverture. Il est important de choisir le verre en fonction des capacités de l’enfant. Il existe des verres à dégagement nasal qui sont utilisés si l’enfant pousse sa tête en hyperextension et qui s’en suit des étouffements.
*Par contre avec ces verres, il est très difficile pour l’enfant de contrôler le débit du liquide, donc ce type de verre va être plus utilisé lorsque c’est une autre personne qui assiste l’enfant lors de l’alimentation.
Une autre option est l’utilisation d’un gobelet avec paille. L’aspiration des liquides à la paille va stimuler la musculature de l’enfant et favoriser une bonne position de la tête.
- Si l’enfant s’étouffe facilement avec les liquides, il est préférable d’épaissir les liquides, utiliser un verre qui réduit le débit du liquide et qui possède une ouverture/bec que l’enfant peut bien seller avec ses lèvres.
- Si l’enfant se fatigue rapidement lors des repas, il est préférable de lui donner de plus petits repas, mais plusieurs fois par jour afin qu’il est l’apport alimentaire nécessaire.
Scénario
Éric, 5 ans, vit avec ses parents. Éric a une paralysie cérébrale qui affecte beaucoup sa motricité globale ainsi que sa motricité fine. Il a de la difficulté à contrôler ses mouvements ce qui l’affecte la réalisation de ses activités de la vie quotidienne. Il bénéficierait en autre d’une aide importante pour l’alimentation, en fait c’est sa mère qui le nourri trois fois par jour, mais à chaque fois les repas sont très long et laborieux. Il est seulement en mesure de manger des aliments avec une texture purée. Il boit très peu et c’est sa mère qui lui donne de l’eau dans un gobelet. Cependant, lorsqu’il mange ou boit, sa mère rapporte qu’il s’étouffe et qu’il n’est pas capable de tousser suffisamment fort pour expulser les sécrétions. Elle s’inquiète, car il semble avoir de la difficulté à respirer, car elle entend un bruit lorsqu’il tente de respirer. Lors des repas, il est assis sur une chaise avec appui-bras, mais il n’a pas suffisamment de tonus pour se tenir droit, donc il pencher beaucoup du côté droit et il a de la difficulté à maintenir sa tête droite.
Ce que l’on peut faire
Tout d’abord, on rassemble les éléments pouvant nous indiquer une problématique au niveau de l’alimentation.
- Éric s’étouffe avec des aliments
- Il a de la difficulté à tousser et à expulser les aliments de ses voies respiratoires.
- La mère d’Éric entend un bruit lorsqu’il respire
- Il penche vers la droite
- Il a de la difficulté à maintenir sa tête dans une position adéquate
- Les repas sont très longs
Par la suite, il est possible de faire plusieurs interventions.
- Vérifier le positionnement et essayer de maintenir dans une position la plus stable possible avec le tronc vertical et la tête la plus droite possible. Pour ce faire, vous pouvez utiliser des oreillers pour stabiliser le tronc et la tête.
- Par la suite, il est possible de changer la méthode pour les boire, il est possible d’utiliser différents verres pour limiter le débit et ainsi aider Éric à mieux contrôler sa déglutition. Si le problème d’étouffement est très important avec les liquides, l’utilisation de liquides épaissis sera à envisager et à discuter avec l’équipe de soins.
- De plus, il est possible de vérifier si la musculation du visage et de la bouche a suffisamment de tonus pour bien fonctionner et si nécessaire effectuer des exercices de renforcement pour la bouche et les lèvres.
Quelques références
Vidéos
- L’introduction des textures :
https://www.youtube.com/watch?v=Q2QHbEjtyME
https://www.youtube.com/watch?v=msNIgIACXU0
- Bien nourrir son enfant au Cameroun :
https://www.youtube.com/watch?v=6INPmGk_w-0
- Trouble du traitement de l’information sensorielle :
http://www.youtube.com/watch?v=6O6Cm0WxEZA (cette vidéo est en anglais)
- Déglutition :
https://www.youtube.com/watch?v=nFB-gj7Q8Ds
Trouble du traitement de l’information sensorielle
- http://www.portailenfance.ca/wp/modules/troubles-du-developpement/volet-2/trouble-du-traitement-de-linformation-sensorielle-spd/
- http://www.cheo.on.ca/uploads/Sensory%20Processing/Sensory%20Processing%20FR.pdf (fichier PDF)
- http://www.fmoq.org/Lists/FMOQDocumentLibrary/fr/Le%20Médecin%20du%20Québec/Archives/2000%20-%202009/035-039drSt-André0609.pdf
Alimentation
- http://breastfeedingcanada.ca/documents/Global_Strategy_french.pdf (fichier PDF)
- http://www.unicef.org/nutrition/files/Guide_de_programmation_en_ANJE_2012_final.pdf (fichier PDF)
- http://www.antenna.ch/documents/nutrition_infantile.pdf
Dysphagie
- http://www.parkinson.ca/atf/cf/%7BD40C382A-398D-4841-913A-A1491D9B901F%7D/Dysphagie_UneGuideSur_lesTroubles_deDéglutition_%20FR.pdf (fichier PDF pour les personnes âgées avec Parkinson, mais le début du document explique la dysphagie).
- http://www.crme-sainte-justine.org/conseil-du-mois.aspx?idConseil=1181 (difficulté d’alimentation chez les enfants avec une déficience motrice).
- http://saac.chu-sainte-justine.org/pages/Tessier%20FR.pdf (fichier PDF)
Paralysie cérébrale
- http://www.portailenfance.ca/wp/modules/troubles-du-developpement/volet-2/la-paralysie-cerebrale/
- http://www.paralysiecerebrale.com/cgi-bin/index.cgi
- Association de paralysie cérébrale du québec. (2004). Qu’est-ce que la paralysie cérébrale. Récupéré le 19 juillet 2013 de http://www.paralysiecerebrale.com/cgi-bin/index.cgi?page=f2_1
Articles
Barrier, I. (inconnue). L’accompagnement parental. Dans Ortho édition (dir.), La déglutition, les praxies et l’articulation.
Centre de référence en alimentation à la petite enfance. (2013). Alimentation solide: par quoi commencer? : Nos petits mangeurs.
Organisation Mondiale de la Santé. (2003). Stratégie mondiale pour l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant. Genève: Organisation Mondiale de la santé.
Organisation Mondiale de la Santé. (2006). Principes Directeurs pour l’Alimentation des enfants âgés de 6 à 24 mois qui ne sont pas allaités au sein. Suisse: Organisation Mondiale de la Santé.
Prochaine section : Jeu