Ce module a été conçu par :
Audrey Patry, étudiante à la maîtrise professionnelle en ergothérapie
Julie Gosselin, professeure titulaire en ergothérapie à l’Université de Montréal.
Le jeu, c’est quoi?
Le jeu peut être défini comme étant une «activité organisée ou spontanée qui procure du plaisir, du divertissement, de l’amusement ou de la diversion» (Parham & Fazio, 2008: p 448) .
De plus, il est associé à une expérience qui implique la motivation intrinsèque de l’enfant et qui est contrôlée de façon interne.
Il prend place à différents moments et dans divers contextes.
Le jeu : une activité essentielle pour le développement de l’enfant
Le jeu est considéré comme l’activité la plus importante de l’enfance. Certains le voient comme un préalable au travail à l’âge adulte. À travers le jeu, l’enfant apprend les règles, les coutumes et les valeurs qui caractérisent son environnement. Le jeu est non seulement source de plaisir pour l’enfant, mais il peut également être considéré comme le « moteur de son développement » (Ferland, 2005). À travers le jeu, l’enfant peut développer ses habiletés sensorielles, motrices, cognitives, affectives et sociales. En développant ces habiletés, l’enfant se prépare ainsi pour l’accomplissement de ses rôles futurs. De plus, lorsqu’un parent joue avec son enfant, cela permet de construire la relation parent-enfant. Ainsi, le jeu permet de développer le lien d’attachement, lien nécessaire au développement social et affectif de l’enfant.
Le jeu permet donc à l’enfant de :
- Se divertir et avoir du plaisir
- Découvrir l’environnement dans lequel il évolue
- Avoir un sentiment de maîtrise sur les objets qui l’entourent
- Apprendre à utiliser les objets du quotidien
- Utiliser son imagination
- Exprimer ses émotions
- Acquérir des habiletés motrices, sociales, cognitives et affectives
- Développer le langage et la communication
Le jeu doit donc faire partie du quotidien de l’enfant afin que ce dernier puisse bénéficier de tous les bienfais mentionnés ci-dessus.
Jeu libre et jeu structuré
Jeu libre : l’enfant décide lui-même ce qu’il fait avec ses objets de jeu, ce qui favorise son imagination et sa créativité.
Le jeu peut se différencier selon qu’il est libre ou structuré.
Jeu structuré : le jeu comporte des règles précises et une séquence d’actions qui doivent être respectées. Un résultat final précis est souvent attendu.
Habiletés acquises à travers le jeu
Comme mentionné plus haut, le jeu constitue le moteur du développement de l’enfant. Les habiletés associées au jeu sont parfois des préalables, parfois le résultat des apprentissages réalisés à travers le jeu. De fait, tel qu’illustré au tableau 1, le jeu sollicite des habiltés dans différentes sphères du développement.
Tableau 1 – Principales habiletés associées au jeu (tiré et adapté de Poitras et al., 2011)
Sphère de développement | Habiletés associées |
MotriceMotricité fine
Motricité globale |
|
Cognitive |
|
Sociale |
|
Affective |
|
Le jeu : un moyen d’intervention
De par ses caractéristiques, le jeu s’avère aussi un excellent outil thérapeutique dans le traitement des enfants atteints de déficits moteurs, cognitifs et/ou sensoriels. Il peut être à la fois un médium pour atteindre les objectifs de traitement et un but à atteindre. Dans le premier cas, il pourra être utilisé pour stimuler la motivation de l’enfant en cours de thérapie : en fournissant un contexte de jeu susceptible de provoquer le plaisir, l’enfant sera davantage porté à s’impliquer dans les activités que le thérapeute lui propose. Dans le second cas, le rôle de l’adulte sera davantage de faciliter le jeu en stimulant le développement de certaines habiletés, en adaptant le jeu ou en aménageant l’environnement. Quelle que soit la place donnée au jeu, il est important de le reconnaître autant comme un contexte de plaisir qu’un contexte d’apprentissage.
Comment ça marche ?
Bien qu’il existe des différences individuelles largement influencées par les intérêts, la culture, les caractéristiques de l’environnement, le développement du jeu suit habituellement une séquence prévisible. Différents auteurs se sont intéressés à décrire les étapes du développement des habiletés et types de jeu, donnant lieu à diverses façons d’aborder et de concevoir le jeu.
Développement du jeu : différentes perspectives
Parten (1932) a décrit le jeu d’un point de vue social, c’est à dire selon les degrés de coopération et la nature des interactions qu’il suscite. Tel que présenté au tableau 2, six types de jeu ont été identifiés. Pour Parten, le degré de participation de l’enfant varie selon son âge; plus il vieillit, plus il choisira des jeux coopératifs.
Tableau 2 – Types de jeu selon le degré de participation sociale (tiré et adapté de Poitras et al., 2011).
Organisation sociale du jeu |
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Niveau de jeu | Description |
Jeu solitaire (0 à la vie adulte) |
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Jeu spectateur ou d’observation (0 à 2 ans) |
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Jeu parallèle (2 ans et +) |
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Jeu associatif (3 ans) |
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Jeu coopératif (4 à 5 ans) |
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Jeu compétitif (6 ans) |
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Pour sa part, Piaget a décrit trois stades, débutant avec le jeu sensorimoteur pour évoluer vers le jeu symbolique puis vers le jeu de règles alors que l’enfant acquiert des habiletés cognitives.
Tableau 3 – Stades de développement du jeu selon Piaget
Type de jeu | Caractéristiques |
Sensorimoteur (exploratoire) 0 à 2 ans |
|
Symbolique (2 à 6 ans) |
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Jeu avec des règles (6 à 10 ans) |
|
Vous pouvez vous référer à la section Étapes du développement sur le portail pour une description plus détaillée des étapes majeures du développement du jeu chez l’enfant de 0 à 5 ans. Malgré la séquence préétablie, il est important de retenir qu’il est normal que deux enfants du même âge s’intéressent à des jeux complètement différents, puisque leurs intérêts, leurs expériences, leur environnement ne sont pas nécessairement les mêmes.
Quand ça ne va pas…
Le développement du jeu peut parfois être plus difficile. Certains signes d’appel pourront alors être recherchés :
- Absence de contact visuel avec ses proches
- Incapacité à prendre et relâcher un objet vers 9 mois
- Manque d’intérêt pour interagir ou jouer avec les autres vers 18 mois
- Mauvaise utilisation des jouets : les cogne ou les lance plutôt que de les utiliser de façon fonctionnelle vers 2 ans
- Pas d’intérêt pour le jeu symbolique ou à jouer avec les autres enfants vers 3 ans
- Peu ou pas de collaboration avec ses pairs dans le jeu vers 4 ans
Tous ces signes résultent très souvent de difficultés dans les diverses sphères du développement. Leur présence ou celle de toute autre difficulté en lien avec le jeu mérite une attention particulière : des outils d’évaluation du jeu comme le Knox Revised Preschool Play Scale et l’Histoire du Jeu de Takata peuvent alors être utilisés pour établir le niveau de jeu de l’enfant et orienter vers des pistes de solution.
Le jeu chez les enfants atteints de la paralysie cérébrale
Tout comme le degré de sévérité de la paralysie cérébrale diffère d’un enfant atteint à un autre, il existe de grandes variations dans le jeu. Par exemple, un enfant qui a un handicap modéré pourrait avoir de faibles habiletés au niveau de la motricité fine, limitant sa capacité à manipuler des jouets. Un enfant ayant un handicap grave pourrait ne pas être en mesure de communiquer son intérêt pour un jouet.
Il est important de prendre conscience de l’impact potentiel des principales limitations de la paralysie cérébrale sur le jeu. Le tableau ci-dessous résume quelques-uns de ces impacts selon le type de limitations.
Tableau 4 – Impacts potentiels des limitations liées à la paralysie cérébrale sur le jeu
Type de limitation | Impact potentiel sur le jeu |
PhysiquesExemples :
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SensoriellesExemples :
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CognitivesDéficience légère à profonde |
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Provenant de l’environnement physique et/ou social
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Chez les enfants les plus atteints, le simple intérêt à entrer dans une activité de jeu ne suffit pas. Ces enfants peuvent avoir des incapacités physiques qui les empêchent d’explorer leur environnement et d’interagir avec ce dernier. En raison de ses difficultés, l’enfant aura souvent besoin d’une aide extérieure pour pouvoir s’engager dans une activité de jeu. L’expérimentation assistée peut lui permettre de franchir certaines étapes du développement et peut-être même d’acquérir la totalité de ces étapes bien qu’il pourra jouer différemment des autres enfants.
Autres facteurs influençant le jeu
En plus des facteurs liés aux incapacités de l’enfant paralytique cérébral, plusieurs autres facteurs en lien avec son environnement ou son entourage peuvent aussi influencer négativement sa participation à des activités de jeu.
Exemples de facteurs extrinsèques :
- Manque d’espace ou de temps pour prendre part au jeu
- Faible encouragement de l’entourage
- En raison de son besoin d’assistance physique, l’enfant doit passer plus de temps avec un adulte
- Interactions avec l’adulte moins axées vers le jeu
- Surprotection de la part de l’adulte
- Intervention rapide de l’adulte quand l’enfant éprouve des difficultés, ce qui limite ses opportunités pour explorer son environnement
Comment on fait
En thérapie comme à la maison, l’enfant présentant une paralysie cérébrale doit avoir des opportunités pour faire des choix, explorer son environnement, créer, utiliser son imagination et surtout avoir du plaisir. Toutefois, il a besoin d’une plus grande assistance de l’adulte pour s’adonner au jeu. Il est possible d’adapter les jouets/objets et l’environnement de l’enfant afin qu’il soit plus autonome lorsqu’il joue.
Il existe des préalables au jeu incluant le moment, l’état et le contexte.
- Pour que l’enfant joue, il lui faut du temps libre pour qu’il puisse décider lui-même ce qu’il veut faire et comment il veut le faire.
- Pour qu’il puisse jouer, il doit aussi être dans un état qui porte au jeu. Son niveau d’éveil doit être favorable au jeu. Le fait de susciter son intérêt pourra l’aider à être plus éveillé.
- Finalement, pour qu’il joue, il faut un contexte qui est favorable au jeu. En ce sens, son environnement doit encourager le jeu. Il a besoin d’espace, de matériel, de partenaires de jeu, d’adultes qui l’encouragent à jouer.
Pour jouer, il est nécessaire d’avoir du matériel de jeu approprié, de l’espace, du temps et des compagnons de jeu. Chez les enfants atteints de paralysie cérébrale, ces conditions ne suffisent pas toujours, il faut alors voir l’adulte comme un outil facilitant le jeu en thérapie et dans la vie de tous les jours. L’adulte pourra alors non seulement guider l’enfant dans son jeu ou jouer avec lui, mais aussi adapter le jeu et/ou l’environnement ou encore soutenir l’enfant dans le développement de certaines habiletés nécessaires au jeu. C’est selon ces trois axes i.e. personne, environnement et occupation (jeu) que les pistes d’interventions seront abordées.
Recueil des informations sur le jeu et les capacités de l’enfant
Avant d’aborder les stratégies d’intervention, il est cependant nécessaire de passer en revue certaines étapes essentielles qui guideront le choix des meilleures interventions.
Stratégies d’intervention et adaptation
La personne
1ère étape: Susciter l’intérêt pour le jeu en présentant à l’enfant divers jouets.
2ème étape: Offrir des stimulations à l’enfant pour qu’il ait un niveau d’éveil qui favorise le jeu.
3ème étape: Agir au niveau de la motricité pour que l’enfant soit en mesure de jouer de façon plus spontanée et de progresser dans son développement.
Les interventions visent à :
- Normaliser le tonus musculaire
- Améliorer la fluidité des mouvements
- Améliorer la coordination bilatérale
- Favoriser les déplacements
4ème étape: Agir au niveau du positionnement pour que l’enfant puisse maintenir des positions de jeu fonctionnelles.
Pour agir sur la fonction motrice des enfants paralytiques cérébraux, différentes approches ont été développées au cours des années. À ce jour, l’approche neurodéveloppementale initialement développée par Bobath et Bobath demeure la plus utilisée bien que de nombreuses autres approches fassent actuellement l’objet de diverses recherches. Plusieurs principes de l’approche neurodéveloppementale pourront être utilisés pour faciliter ou guider le mouvement dans le contexte du jeu; leur application demande cependant une formation préalable. D’autres principes, davantage empruntés à l’approche biomécanique, seront également utiles pour assurer un positionnement adéquat durant les périodes de jeu. Ce positionnement sera essentiel, non seulement pour assurer une posture adéquate mais également pour stimuler l’éveil, faciliter l’interaction et prévenir les raccourcissement musculaires et les déformations.
Pour un positionnement adapté
Lorsque l’enfant n’est pas en mesure d’adopter une position fonctionnelle pour jouer, il faudra alors compenser à l’aide d’appareillage ou d’équipement qui assureront une posture adéquate, permettant mobilité et stabilité.
Principes de base du positionnement
Chez l’enfant avec un handicap moteur, le positionnement affecte de façon importante les différentes activités de sa vie de tous les jours. Les positions choisies doivent permettre à l’enfant d’être plus fonctionnel dans la réalisation de ses occupations. D’un enfant à l’autre, ces positions vont varier selon les habiletés motrices. En général, une bonne position est une position dans laquelle l’enfant est confortable et où les différentes parties de son corps sont bien alignées.
Voici d’autres éléments de base qui doivent être considérés lors du positionnement de l’enfant atteint de la paralysie cérébrale en situation de jeu.
* Fournir du support à l’enfant : Utiliser un appareillage ou de l’équipement pour supporter seulement les parties du corps pour lesquelles l’enfant n’y arrive pas lui-même.
* Positionner afin d’obtenir un alignement des structures et une symétrie : la tête, le cou, le tronc et le pelvis doivent être alignés, ce qui permet de meilleurs mouvements au niveau des bras et des jambes. En positionnant de façon symétrique, le poids de l’enfant est mieux réparti sur les proéminences osseuses, permettant de prévenir l’apparition de plaies de pression. De plus, la symétrie permet à l’enfant d’amener ses mains à la ligne médiane (ligne imaginaire qui divise le corps en deux moitiés, soit le côté gauche et le côté droit) et ainsi d’utiliser ses deux mains pour manipuler les objets.
* Diversifier les positions de jeu : en fonction de l’âge et de l’activité effectuée, les gens adoptent diverses positions. Le fait de varier les positions de jeu permettra à l’enfant d’acquérir une meilleure compréhension de sa position dans l’espace et de voir ce qui se passe autour de lui de différents points de vue. De plus, le fait d’offrir des changements de position à l’enfant permet de diminuer le risque de plaies de pression.
* Sécurité et confort : s’assurer que la position de l’enfant est sécuritaire, qu’elle lui permet une vision optimale de ce qui l’entoure et qu’elle lui permet de respirer de façon confortable.
Dans toutes les positions, la flexion devrait être recherchée pour atténuer l’effet de l’hypertonie des extenseurs qui tend à amener l’enfant dans des patrons d’hyperextension, position très peu fonctionnelles pour le jeu.
Lorsque l’enfant est en position assise : essayez de rechercher le plus possible le 90 degrés (coudes, hanches, genoux et chevilles). De plus, assurez-vous que :
- son dos est le plus droit possible
- ses fesses sont bien appuyées au fond du siège (vous pouvez ajouter un coussin dans son dos si nécessaire)
- ses pieds sont appuyés au sol ou sur des appui-pieds (vous pouvez mettre un banc ou un livre sous ses pieds)
Si vous mettez une table devant l’enfant, assurez-vous qu’elle soit à la bonne hauteur, c’est-à-dire à la hauteur de ses coudes.
Lorsque l’enfant est sur le ventre : Encouragez l’enfant à prendre appui sur ses avant-bras. Pour prévenir l’hyperextension du cou, assurez-vous de garder un angle d’extension plus petit que 45 degrés.
Lorsque l’enfant est sur le dos : Vous pouvez positionner l’enfant sur une surface plane ou légèrement inclinée en utilisant un oreiller ferme ou des serviettes. La tête doit être dans une position médiane et légèrement fléchie vers l’avant.
* Si l’enfant a une hypertonie des muscles extenseurs dans cette position, ses genoux et hanches devraient aussi être en position fléchie.
Lorsque l’enfant est sur le côté : Cette position est appropriée pour un enfant qui aurait trop ou pas assez de tonus lorsqu’il est sur le dos ou sur le ventre. Vous pouvez utiliser des serviettes roulées ou des oreillers pour aider l’enfant à maintenir la position. Dans cette position, présentez les jouets à l’enfant pour qu’ils soient au niveau de ses yeux.
L’environnement physique
À la maison
* L’endroit pour jouer devrait être délimité pour éviter que l’enfant égare ou lance ses jouets et qu’il ne puisse se déplacer pour les récupérer (mettre des oreillers ou boîtes pour délimiter un environnement de jeu)
* S’assurer de la sécurité de l’environnement pour que l’enfant puisse l’explorer sans danger
En thérapie
* L’environnement doit être sécurisant autant physiquement qu’émotionnellement
* L’environnement doit porter au jeu (diversité dans les jouets, équipements)
* L’environnement doit être calme (éviter les bruits et autres distractions pouvant nuire à la concentration de l’enfant)
L’environnement humain
À la maison
La famille devrait :
* Avoir une attitude encourageante et valorisante envers le jeu
* Consacrer du temps pour jouer avec l’enfant
* Laisser l’enfant essayer, explorer, interagir avec ce qui l’entoure
* Ne pas faire les choses à sa place, le laisser expérimenter
* Encouragez l’enfant à s’intéresser aux objets/jouets
* Lui permettre de jouer avec ses frères et sœurs et les autres enfants, le mettre en situation de jeu pour qu’il ait la motivation à jouer avec les autres. Le fait qu’il soit près d’autres enfants qui jouent lui donnera la motivation d’essayer de prendre part à un jeu.
En thérapie
Le thérapeute devrait :
* Suivre la motivation et les intérêts de l’enfant
* Lui laisser le choix entre quelques jeux, selon les objectifs travaillés
* Jouer, montrer à l’enfant comment jouer pour favoriser des comportements d’imitation
* Graduer l’aide apportée en fonction des habiletés de l’enfant.
* Faire du main sur main pour aider l’enfant à apprendre comment utiliser un objet/jouet, mais retirer l’aide quand il est en mesure de le faire seul.
L’occupation
Une fois que l’environnement est adapté et que l’enfant est bien positionné, il faut adapter le jeu, les objets ou les jouets.
Quelques principes de base
* Il faut respecter les étapes de développement du jeu : au début, le jeu est surtout solitaire et l’enfant nécessite une période exploratoire pour comprendre l’utilité des objets/jouets.
* Les adaptations servent à rendre les jouets/objets plus facilement ou plus difficilement manipulables.
* La grandeur, la forme, la consistance et le poids du matériel de jeu peuvent être adaptés pour répondre aux capacités de l’enfant multi-handicapé.
* Graduer les activités en fonction des habiletés de l’enfant.
* Pour susciter l’intérêt et garder la motivation de l’enfant, les activités devraient être : à la limite des habiletés de l’enfant et être assez complexes, mais pas trop, pour stimuler la curiosité chez l’enfant et lui offrir un défi qui est juste assez grand. Il ne faut pas que le défi soit trop grand, car cela pourrait décourager l’enfant et le placer en situation d’échec, ce qu’on veut éviter.
* Le jeu doit être une source de plaisir.
* Le jeu devrait permettre à l’enfant de s’amuser sans qu’il n’ait à trop se concentrer.
Suggestions pour adapter un objet/jouet
→ Avant de fournir un jouet à l’enfant, il faut regarder ses caractéristiques et voir si elles sont compatibles avec ses habiletés et ses préférences.
Voici quelques exemples d’adaptation possibles en fonction des incapacités de l’enfant.
Incapacités | Quelques exemples |
Motricité fine![]() |
|
Motricité globale | |
Sensorielles |
|
Cognitives |
|
Quelques situations :
→ Un enfant qui a des incapacités sévères va souvent choisir de jouer avec des jouets qui sont colorés et qui produisent une grosse réaction à des mouvements simples.
→ Un enfant qui a un tonus musculaire qui fluctue peut bénéficier de jouets lourds et qui offrent une résistance parce qu’ils facilitent la stabilité proximale et augmentent le feedback sensoriel.
→ Pour la plupart des enfants, les jouets qui nécessitent peu d’habiletés de manipulation sont adéquats. Exemples : pâte à modeler, jouets action-réaction, collants, jouets aimantés, brosses, crème à raser ou mousse.
→ Un enfant qui a une hypo réactivité au niveau sensoriel peut bénéficier de jouets qui suscitent ses sens. Vous pouvez fabriquer des jouets qui font du bruit, qui ont des textures, qui sont colorés, etc.
→ Les jouets qui offrent une flexibilité d’action et qui n’ont pas de règles prédéfinies peuvent augmenter la motivation de l’enfant et améliorer son sentiment de maîtrise sur le jeu.
En conclusion, puisque le jeu est un médium thérapeutique puissant et qu’il contribue au développement de l’enfant dans toutes les sphères, il est évident que celui-ci doit prendre une place importante dans le quotidien de l’enfant paralytique cérébral. En plus d’y accorder du temps et de fournir à l’enfant un contexte favorable, ce dernier aura plus de facilité à jouer si le jeu est adapté à ses habiletés et pourra en retirer du plaisir, comme tous les autres enfants de son âge.
Références
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