Déficience intellectuelle (DI)

Définition générale

La déficience intellectuelle (DI), aussi connue sous le nom de retard mental, est caractérisée par des limitations significatives au niveau du fonctionnement intellectuel (deux écarts types sous la moyenne du quotient intellectuel : QI < 70) ainsi qu’au niveau du comportement adaptatif (habiletés communicatives, conceptuelles, sociales et pratiques) présentes avant l’âge de 18 ans (American Association on Intellectual and Developmental Disabilities Ad Hoc Committee on Terminology and Classification, 2010; Association de Montréal pour la déficience intellectuelle, 2012).
Ces limitations se manifestent par des difficultés au niveau du fonctionnement quotidien (soins personnels, autonomie, occupations, interactions avec l’environnement, etc.) de la personne et de ses apprentissages.
L’établissement du profil de fonctionnement d’une personne, incluant ses limitations, ses forces et ses compétences, doit tenir compte des exigences de l’environnement ainsi que de sa réalité culturelle et linguistique (CRDI Normand-Laramée, 2012).

Il est à noter que les personnes présentant une DI possèdent un large éventail de capacités, d’incapacités, de besoins et de comportements uniques (Munir, Friedman, Wilska, & Szymanski, 2008). 

Fonctionnement et quotient intellectuels

Le fonctionnement intellectuel (l’intelligence) d’un individu réfère à ses capacités cognitives qui incluent le raisonnement, la planification, la résolution de problèmes, l’apprentissage, la pensée abstraite, la compréhension. Ces capacités sont généralement mesurées à l’aide d’outils standardisés, administrés par des professionnels compétents, qui donnent une valeur de quotient intellectuel (QI).

Le QI est défini comme étant l’expression du niveau d’intelligence (capacités intellectuelles) d’une personne en comparaison avec la moyenne d’une population du même âge.

Le QI est souvent obtenu en multipliant par 100 le ratio de l’âge mental (obtenu par les tests d’intelligence) sur l’âge réel (chronologique) (Mosby, 2009b) :
QI = âge mental  x 100
âge réel

De façon générale, un QI de moins de 2 écarts types sous la moyenne  (QI = 100 ± 15), c’est-à-dire inférieur à 70-75 indique la présence de limitations au niveau cognitif (voir figure 1). La variation de 5 est dûe à la marge d’erreur des tests d’intelligence (American Association on Intellectual and Developmental Disabilities Ad Hoc Committee on Terminology and Classification, 2010).

Des exemples d’évaluations communément utilisées sont le test de Stanford-Binet et les échelles de Wechsler. Cependant, un profil cognitif est généralement plus utile pour statuer sur les capacités intellectuelles d’un individu qu’un test de QI à lui seul. Par ailleurs, un bon jugement et expertise clinique sont essentiels lors de l’interprétation de tout tests standardisés (American Psychiatric Association, 2012).  Figure 1*- Courbe de distribution des QI dans la population générale avec critères déterminant les 4 niveaux de DI
*Image tirée de p.190 (FIGURE 6-15: Criteria for determining the four degrees of severity in mental retardation) du livre : Case-Smith, J. (2005). Common conditions that influence children’s participation. Occupational Therapy for Children (5e éd.) (pp. 160-215). St. Louis, Missouri: Elsevier Mosby. (version électronique)

Le comportement adaptatif

Le comportement adaptatif, quant à lui, fait référence aux habiletés conceptuelles, sociales et pratiques qui sont utilisées dans la réalisation de tâches quotidiennes. Des lacunes dans ces domaines font en sorte que l’individu a de la difficulté à s’adapter aux nouvelles situations et à se réaliser dans ses occupations quotidiennes, selon son âge. La personne semble manquer de savoir-faire et ne peut répondre aux exigences de responsabilités sociales attendues pour son âge et son groupe culturel (C Aussilloux, R Pry, & JP Raynaud, 2008).
L’évaluation de ces habiletés se fait par l’administration de divers tests standardisés tels que le Diagnostic Adaptive Behavior Scale ou le Vineland Adaptive Behavior Scales (American Association on Intellectual and Developmental Disabilities Ad Hoc Committee on Terminology and Classification, 2010; Atchison, 2007).
Plus particulièrement en ce qui a trait à un enfant, les informations concernant son fonctionnement sont également obtenues par observations lors de réalisation de tâches ainsi que lors du jeu libre. Des entrevues avec les parents, éducateurs de garderie, professeurs et toutes autres personnes ayant des contacts fréquents avec l’enfant peuvent bonifier les informations et faciliter le processus diagnostique (American Association on Intellectual and Developmental Disabilities (AAIDD), 2012; Comité Régional des Associations pour la Déficience Intellectuelle, 2009).

 Quelques exemples des habiletés adaptatives

Habiletés conceptuelles:

  • Lire, écrire
  • Concepts liés à l’argent
  • Compréhension du langage oral ou écrit

Habiletés sociales:

  • Interactions sociales
  • Estime de soi
  • Responsabilités
  • Obéir aux lois et aux réglements

Habiletés pratiques:

  • Activités quotidiennes (préparation des repas, tâches ménagères, utilisation du transport, etc.)
  • Soins personnels (alimentation, déplacements, habillage, etc.)
  • Sécurité, autonomie
  • Utilisation du téléphone
(*Informations tirées du site : http://www.aaidd.org/content_100.cfm?navID=21)


L’âge d’apparition des symptômes

Le dernier critère important à retenir en ce qui concerne la définition de la DI est l’âge d’apparition des signes et symptômes, soit avant 18 ans.

Étant donné que la déficience intellectuelle est un trouble de développement, les signes doivent se présenter au cours de la période développementale. Cet aspect de la définition est important pour distinguer la DI et d’autres troubles neuro-dégénératifs qui se présentent à l’âge adulte tels les démences ou encore les séquelles d’un traumatisme crânien (TC) (Atchison, 2007).

L’application de cette définition de l’American Association on Intellectual and Developmental Disabilities (AAIDD) se fonde sur cinq postulats de base :

1)      Les limitations au niveau du fonctionnement doivent tenir compte du contexte des environnements communautaires typiques des pairs du même âge de l’individu ainsi que de sa culture.

2)     Pour qu’une évaluation soit considérée comme valide, elle doit tenir compte de la culture, de la langue ainsi que de différences au niveau de la communication et des facteurs sensoriels, moteurs, comportementaux.

3)     Chez un même individu, les limitations coexistent avec des forces.

4)     Le but premier en précisant les limitations d’un individu est de dresser un portrait global et adéquat afin de déterminer les besoins de soutien et d’interventions

5)     Au fil des années, avec le soutien et l’aide adéquats en fonction de ses besoins, l’autonomie fonctionnelle de la personne ayant une DI devrait généralement s’améliorer.

*Traduction libre des postulats de base de l’AAIDD (American Association on Intellectual and Developmental Disabilities Ad Hoc Committee on Terminology and Classification, 2010; Munir, Friedman, Wilska, & Szymanski, 2008). 
 

Critères diagnostiques
Catégorisation et classification
Étiologie
Principaux troubles associés et données épidémiologiques
Signes d’appel

Quelques ressources

Sites internet :
http://www.fqdi.ca/
http://www.amdi.info/
http://www.asdi-org.qc.ca/
http://www.aaidd.org/content_100.cfm?navID=21
http://www.dsm5.org/ProposedRevision/Pages/proposedrevision.aspx?rid=384#
http://www.crdinl.qc.ca/
http://fqcrdited.org/

Vidéos :
http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=V_mTP9WLdcI#!

 Références scientifiques

Accardo, P. J., Accardo, J. A., & Capute, A. J. (2008). Chap 1: A Neurodevelopmental Perspective on the Continuum of Developmental Disabilities. Dans Pascale J Accardo (Éd.), Capute & Accardo’s Neurodevelopmental Disabilities in Infancy and Childhood (Vol. 1: Neurodevelopmental Diagnosis and Treatment), (3e éd.) (pp. 3-25). Baltimore: Paul H. Brookes Publishing Co.

American Association on Intellectual and Developmental Disabilities (AAIDD). (2012). Definition of Intellectual Disability. Récupéré le 7 juillet 2012 de http://www.aaidd.org/content_100.cfm?navID=21

American Association on Intellectual and Developmental Disabilities Ad Hoc Committee on Terminology and Classification. (2010). Intellectual Disability: Definition, Classification, and Systems of Supports. (11e éd.). Washington, DC: American Association on Intellectual and Developmental Disabilities.

American Psychiatric Association. (2012). A 00 Intellectual Developmental Disorder: DSM-IV-TR criteria Récupéré le 10 avril 2012 de <http://www.dsm5.org/proposedrevision/pages/proposedrevision.aspx?rid=384#>

Association de Montréal pour la déficience intellectuelle. (2012). Définition et diagnostic. Récupéré le vendredi, 16 mars 2012 de <http://www.amdi.info/pages/definition.html>

Atchison, B. J. (2007). Mental Retardation. Dans Ben J. Atchison & Diane K. Dirette (Éds.), Conditions in Occupational Therapy (3e e éd.) (pp. 51-66). Baltimore: Lippincott Williams & Wilkins.

C Aussilloux, R Pry, & JP Raynaud. (2008). Développement de l’intelligence, aspects normaux et pathologiques, 1ère partie : Modules transdisciplinaires – Module 3 : Maturation et vulnérabilité (pp. 79-87).

Comité Régional des Associations pour la Déficience Intellectuelle. (2009). STIMULER TÔT, AGIR ENSEMBLE, UNE INTERVENTION PORTEUSE D’AVENIR ! Pour une vision renouvelée de la stimulation précoce des enfants présentant une déficience intellectuelle, Du diagnostic à la réadaptation (pp. 22-28). Montréal, Québec.

CRDI Normand-Laramée. (2012). Définitions des diagnostics. Récupéré le 6 juillet, 2012 de http://www.crdinl.qc.ca/pages/crdi-normandlaramee/definition_des_diagnostics.aspx?lang=FR-CA

Juhel, J.-C. (2000). Chapitre 2: connaissances actuelles sur la déficience intellectuelle. La déficience intellectuelle: connaître, comprendre, intervenir (pp. 57-116). Québec et Ottawa: Les presses de l’Université Laval.

Maulik, P., & Harbour, C. (2012). Epidemiology of Intellectual Disability. Dans M. B. JH Stone (Éd.), International Encyclopedia of Rehabilitation (pp. 1-12). Buffalo: Center for International Rehabilitation Research Information and Exchange (CIRRIE)

Mosby. (2009a). Mosby’s dictionary of Medicine, Nursing & Health Professions (pp. 1424 et 1504 ). St. Louis: Mosby Elsevier.

Mosby. (2009b). Intelligence Quotient (IQ), Mosby’s dictionary of Medicine, Nursing & Health Professions (8e éd., pp. 981). St. Louis: Mosby Elsevier.

Munir, K. M., Friedman, S. L., Wilska, M. L., & Szymanski, L. S. (2008). Childhood Disorders: Intellectual Disability. Dans A. Tasman, J. Kay, J. A. Lieberman, M. B. First & M. Maj (Éds.), Psychiatry (3e éd.) (pp. 689-746): John Wiley & Sons, Ltd.