Critères diagnostiques (DI)

Selon le DSM-IV-TR

Les trois éléments de la définition de la DI se retrouvent dans les critères diagnostiques du DSM-IV-TR, manuel de référence pour tous les diagnostics de santé mentale.
En effet, le DSM-IV-TR identifie 3 critères qui doivent tous être présents afin d’établir le diagnostic de déficience intellectuelle (mental retardation), suite à une évaluation médicale et psychologique complète (American Psychiatric Association, 2012) :

  1. Fonctionnement intellectuel général significativement inférieur à la moyenne: QI environ 70 ou moins, tel que mesuré par un test de Q.I., administré en individuel.
  2. Déficits concomitants ou difficultés au niveau du fonctionnement adaptatif (capacité du sujet à répondre aux normes attendues pour son âge, dans son groupe culturel) dans au moins deux des domaines suivants: communication, vie domestique, autonomie, santé, responsabilité individuelle, travail, loisirs, sécurité, utilisation des acquis scolaires, aptitudes sociales et interpersonnelles, mise à profit des ressources de l’environnement.
  3. Début avant l’âge de 18 ans.

Ces critères sont toutefois en révision et des modifications ont étés proposées pour la prochaine publication du DSM, soit le DSM-V dont la parution est annoncée pour mai 2013. Les modifications proposées, qui n’ont pas encore été acceptées par l’American Psychiatric Association (APA), incluent un changement du nom de diagnostic de mental retardation à Intellectual Developmental Disorder.
Aussi, la classification par sous-types (codes diagnostiques : DI légère, moyenne, sévère et profonde) ne sera plus en fonction exclusivement du QI (American Psychiatric Association, 2012). Une telle catégorisation est peu utile dans la préparation de plan d’intervention, car elle ne fournit aucune information au sujet des capacités, besoins ou caractéristiques individuelles de la personne (Juhel, 2000).
En réponse à ces lacunes, une nouvelle classification de la sévérité axée davantage sur le niveau de fonctionnement adaptatif (avec des critères pour chacune des habiletés adaptatives : conceptuelles, sociales et pratiques) que sur le QI est proposée (American Psychiatric Association, 2012).
Cette nouvelle classification rejoint davantage celle du AAIDD (Atchison, 2007).

Des changements sont également proposés en lien avec les critères diagnostiques.
La déficience intellectuelle est un trouble qui inclut un déficit intellectuel ainsi qu’un déficit au niveau du fonctionnement adaptatif débutant pendant la période développementale.
Les trois critères suivants doivent être présents pour émettre le diagnostic :

  1. Présence de déficits au niveau des capacités cognitives générales telles le raisonnement, la résolution de problèmes, la planification, la pensée abstraite, le jugement, l’apprentissage académique et l’apprentissage par expérience.
  2. Déficits dans le fonctionnement adaptatif de l’individu selon son âge et groupe culturel. Le fonctionnement adaptatif réfère à la capacité d’une personne à répondre aux exigences d’autonomie et de responsabilité sociale dans un ou plusieurs domaines de la vie quotidienne tels la communication, la participation sociale, le fonctionnement scolaire ou au travail et la vie communautaire. Ces limitations entraînent un besoin continu de support à l’école, au travail ou à l’indépendance fonctionnelle.
  3. Tous les symptômes doivent être visibles pendant la période développementale.
*Traduction libre des critères diagnostiques du DSM-IV-TR et DSM-V, tirés de http://www.dsm5.org/ProposedRevision/Pages/proposedrevision.aspx?rid=384#


Situation actuelle au Québec

Au Québec, la majorité des enfants reçoivent le diagnostic d’une DI relativement tard dans la vie puisque celui-ci découle de l’observation des habiletés et des comportements de l’enfant aux niveaux du développement sensorimoteur, de la communication ainsi que sur le plan cognitif, en comparaison avec le développement d’un enfant au développement typique.
En raison du long processus, la confirmation du diagnostic n’est habituellement faite que vers l’âge de 6 ans, c’est-à-dire lors de leur entrée à l’école où les exigences deviennent plus élevées, même si certains signes sont apparents bien avant (Comité Régional des Associations pour la Déficience Intellectuelle, 2009). Il est à noter que de nombreux enfants ayant une DI sont atteints de syndromes aux symptômes multiples qui agissent en tant qu’indices contribuant à un diagnostic plus précoce. Lorsque la déficience n’est pas associée à un syndrome rapidement identifiable, de nombreux examens médicaux devront être complétés afin d’obtenir un diagnostic précis, ce qui allonge le processus (Comité Régional des Associations pour la Déficience Intellectuelle, 2009).

Depuis plusieurs années, les médecins ont tendance à vouloir donner des diagnostics plus précis en recherchant une étiologie spécifique, ce qui requiert plus de temps. Ils attribuent donc de plus en plus fréquemment un diagnostic d’attente, soit le retard global de développement (RGD). Ce dernier est utilisé en attendant un diagnostic plus précis quand un ensemble de symptômes sont présents mais que l’enfant est encore trop jeune pour une évaluation adéquate de son fonctionnement intellectuel en raison des limites inhérentes aux tests d’intelligence. Ce diagnostic d’attente permettra la mise en place d’une prise en charge axée principalement sur le développement des capacités de l’enfant en réponse à ses besoins, en attendant une réévaluation pour poser un diagnostic final (Comité Régional des Associations pour la Déficience Intellectuelle, 2009).
Ainsi, ce diagnostic permet à l’enfant de recevoir des services spécialisés par les centres de réadaptation en déficience intellectuelle (CRDI), ainsi que des subventions gouvernementales et des services en milieu scolaire.

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