Principaux troubles associés
Bien que la paralysie cérébrale soit définie principalement comme une atteinte ayant des conséquences au niveau moteur, les difficultés motrices sont rarement sa seule manifestation (Yamamoto, 2007). Étant donné que la région du cerveau atteinte n’est pas parfaitement circonscrite et rarement impliquée que dans la fonction motrice, des problèmes aux niveaux des autres sphères du développement sont fréquents. En effet, des troubles sensitifs, sensoriels, cognitifs et comportementaux accompagnent souvent la paralysie cérébrale. Une épilepsie y est également souvent associée (Amiel-Tison & Gosselin, 2010). En effet, jusqu’à 50% des enfants ayant une paralysie cérébrale ont de l’épilepsie avec une incidence plus élevée chez les individus présentant une forme spastique (hémiplégie et quadriplégie) (Rogers, 2005; Yamamoto, 2007). Dans les cas d’épilepsie sévère, une certaine détérioration de la fonction cérébrale peut se produire même après la naissance (Rogers, 2005). Au niveau cognitif, les personnes atteintes de paralysie cérébrale peuvent avoir des capacités cognitives supérieures ou dans les limites normales ou encore peuvent présenter une déficience intellectuelle variant de légère à profonde (Munir, Friedman, Wilska, & Szymanski, 2008). Jusqu’à 75% des enfants atteints de paralysie cérébrale ont des retards cognitifs ou une intelligence inférieure à la moyenne (Rogers, 2005; Yamamoto, 2007).
La déficience intellectuelle est plus souvent présente dans les formes mixtes et est plus sévère dans la quadriplégie spastique. Les individus ayant une hémiplégie ou une diplégie spastique ont typiquement un quotient intellectuel se situant dans les limites normales (Yamamoto, 2007).
Les problèmes sensoriels accompagnant la paralysie cérébrale sont variés (Amiel-Tison & Gosselin, 2010). Au niveau visuel, les déficits possibles incluent la déficience visuelle (cécité partielle ou complète), des limitations au niveau de la motricité affectant la poursuite oculaire et pouvant résulter aussi en un strabisme (Rogers, 2005). Ce dernier problème est le plus commun des déficiences visuelles avec une incidence variant de 20% à 60% (Yamamoto, 2007). Les problèmes auditifs les plus communs sont la surdité partielle ou complète, des infections au niveau de l’oreille moyenne, des difficultés de perception et l’agnosie. Il est estimé qu’environ 25% des personnes atteintes de paralysie cérébrale ont une forme quelconque de déficience auditive (Rogers, 2005; Yamamoto, 2007). Il est à noter que les enfants présentant une paralysie cérébrale sévère ont le plus souvent une déficience intellectuelle de degré également sévère ainsi que des déficiences sensorielles allant jusqu’à la cécité et/ou la surdité complète et une épilepsie plus difficile à contrôler. Les enfants présentant une forme plus modérée, quant à eux, ont une plus grande variabilité dans les troubles associés pour lesquels une recherche systématique doit néanmoins être faite (Amiel-Tison & Gosselin, 2010).
Par ailleurs, des problèmes de langage et d’alimentation peuvent également être associés à la paralysie cérébrale, entre autres du fait de l’atteinte motrice qui peut entraîner des mouvements anormaux de la langue et des lèvres. Ces mouvements anormaux ainsi que les particularités sensorielles (hypo-, hypersensibilité orale) et le tonus altéré peuvent résulter en problèmes d’alimentation aggravés par des difficultés de déglutition et de mastication possibles. Dans ce cas, la diète de l’enfant doit parfois être modifiée et des techniques d’alimentation alternatives peuvent s’avérer nécessaires (Rogers, 2005).
Au niveau du langage, les difficultés peuvent être au niveau tant réceptif qu’expressif. Il est important de considérer que ces troubles peuvent être source de frustrations et d’isolement pour l’enfant et par conséquent, entraîner des difficultés dans les habiletés psychosociales. En ce sens, les enfants présentant une forme de paralysie cérébrale devraient être surveillés pour le développement de problèmes de comportements et une intervention psychosociale ainsi que du soutien émotionnel devraient être offerts à ces familles (Rogers, 2005).
Quelques données épidémiologiques
Parmi les troubles entravant significativement le fonctionnement moteur de jeunes enfants, la paralysie cérébrale est le plus répandue (O’Shea, 2008) avec une prévalence estimée, dans les pays développés, à 1,5-3 par 1000 naissances vivantes. Il y a une plus grande incidence de paralysie cérébrale chez les enfants nés prématurément, avec un gradient négatif entre l’âge gestationnel à la naissance et l’incidence de la paralysie cérébrale (Amiel-Tison & Gosselin, 2010). La prévalence chez les bébés nés à moins de 28 semaines de gestation est d’environ 100 pour 1000 naissances (10%) (O’Shea, 2008).
De la même façon, les enfants de très faible poids de naissance (<1500 g) sont également à plus haut risque (Amiel-Tison & Gosselin, 2010). Bien que la prématurité demeure un facteur de risque important, une diminution de la prévalence chez les enfants nés de façon prématurée est observée. En effet, un déclin de la prévalence est noté entre une cohorte de bébés prématurés de 1990-1993 (6.5%) et celle de 2002-2005 (2.2%) (van Haastert et al., 2011). Selon une récente étude des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), aux États-Unis, la paralysie cérébrale serait, en moyenne, 1.2 fois plus fréquente chez les garçons que chez les filles. Aussi, cette étude identifie les formes spastiques de paralysie cérébrale comme étant les plus fréquentes, représentant 80% des cas (Centers for Disease Control and Prevention, 2011b). Chez les enfants nés à terme (37 semaines de gestation ou plus), le risque de présenter une paralysie cérébrale est plus faible, soit de 0,3 pour 1000 naissances (Amiel-Tison & Gosselin, 2010).
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