Un diagnostic de TSA est posé suite à l’observation des comportements de l’enfant (Shangraw, 2007). Au Québec, le diagnostic officiel ne peut être posé que par un médecin ou un psychiatre, mais les psychologues peuvent en venir à une impression clinique de TSA (Association des médecins psychiatres du Québec, 2012; Nachshen et al., 2008). Dans les deux cas, une évaluation préalable du développement de l’enfant par divers professionnels de la santé est nécessaire afin de déterminer si un enfant présente en effet l’amalgame des signes cliniques associés à un TSA (Association des médecins psychiatres du Québec, 2012; Autism Speaks, 2012; Santé Canada, 2011). Ce processus inclut souvent l’évaluation des habiletés langagières, par un orthophoniste, l’évaluation du développement moteur ainsi que du traitement de l’information sensorielle, par un ergothérapeute, et l’évaluation du fonctionnement intellectuelle par un psychologue (Nachshen et al., 2008).
Les critères diagnostiques actuellement en vigueur sont ceux du Diagnostic and Statistical Manual, 4th Edition, Text Revision (DSM-IV-TR). Le DSM-IV-TR place l’autisme dans la catégorie des troubles envahissants du développement (TED) (code diagnostique 299.00) qui incluent cinq pathologies : le trouble désintégratif de l’enfance, le syndrome de Rett, le syndrome d’Asperger, l’autisme et le trouble envahissant du développement non spécifié (TED-NS). L’ensemble de ces troubles est caractérisé par certains symptômes incluant des difficultés aux niveaux des interactions sociales et de la communication verbale et non-verbale ainsi que présence de comportements restreints, répétitifs et stéréotypés (Nachshen et al., 2008).
Plus spécifiquement, les critères diagnostiques sont les suivants (American Psychiatric Association, 2012; Nachshen et al., 2008):
A. Un total d’au moins six éléments de (1), (2) et (3), associé à un minimum de deux éléments provenant de la catégorie (1) et à un élément de chacune des catégories (2) et (3) :
(1) Déficience qualitative des interactions sociales, comme en témoignent au moins deux des éléments suivants :
a) Déficience marquée au niveau de l’utilisation de plusieurs comportements non-verbaux tels le contact visuel direct, les expressions faciales, la position du corps et les gestes régissant l’interaction sociale;
b) Incapacité à développer des relations adéquates avec ses pairs en fonction du niveau attendu pour l’âge développemental du sujet;
c) Absence de recherche spontanée de partager ses plaisirs, ses intérêts ou ses réussites avec autrui (ex : l’enfant ne montre pas, n’apporte pas ou ne point pas les objets éveillant son intérêt);
d) Manque de réciprocité sociale ou émotionnelle.
(2) Déficience qualitative de la communication témoignée par au moins un des éléments suivants :
a) Retard ou absence totale du développement du langage parlé (sans aucune tentative de compenser par des méthodes alternatives de communication tels gestes ou le mime);
b) Chez les individus maîtrisant suffisamment le langage, présence d’une difficulté marquée de la capacité à initier ou soutenir une conversation avec autrui;
c) Usage stéréotypé et répétitif du langage ou utilisation d’un langage idiosyncratique;
d) Absence de jeux symbolique spontanés et variés ou d’imitations sociales appropriés au niveau de développement.
(3) Caractère restreint, répétitif et stéréotypé des comportements, des intérêts et des activités démontré par la présence d’au moins un des éléments suivants :
a) Préoccupation démesurée avec un ou plusieurs intérêts stéréotypés anormale par sa fréquence ou par son intensité;
b) Besoin inflexible de respecter certains rituels ou routines ;
c) Présence de maniérismes stéréotypés et répétitifs (ex : mouvements complexes impliquant l’ensemble du corps, battements ou torsions des mains ou des doigts);
d) Préoccupations persistantes pour des parties de certains objets.
B. Délai ou fonctionnement anormal, présent avant l’âge de 3 ans dans au moins une des catégories suivantes : (1) interaction sociale, (2) langage utilisée dans la communication sociale, (3) jeu symbolique ou imaginatif
C. Le trouble n’est pas mieux représenté par les diagnostics de syndrome de Rett ou de trouble désintégratif de l’enfance.
Toutefois, comme pour la DI, ces critères sont en révision et des modifications sont proposées pour la prochaine publication du DSM, soit le DSM-V dont la parution est prévue en mai 2013. Les modifications proposées, qui n’ont pas encore été acceptées par l’American Psychiatric Association (APA), incluent notamment un changement au niveau de l’appellation de la catégorie de ces troubles. De fait, il est recommandé de changer le terme TED retrouvé actuellement dans le DSM-IV-TR pour Troubles du spectre de l’autisme (TSA). Cette catégorie inclurait alors l’autisme, le syndrome d’Asperger, le trouble désintégratif de l’enfance et le TED-NS (American Psychiatric Association, 2012). Ce changement est expliqué par le fait que l’autisme forme un spectrum incluant des troubles partageant les mêmes caractéristiques principales, soit des difficultés de communication et d’interaction sociale ainsi que des intérêts et comportements répétitifs/stéréotypés, qui se manifestent à différents degrés d’atteinte selon le trouble spécifique. La sévérité de l’atteinte serait définie en termes de soutien/assistance requis (American Psychiatric Association, 2012). Une autre modification importante concerne les domaines touchés par le trouble (voir tableau I), passant de trois domaines à deux.
Voici les nouveaux critères diagnostiques proposés pour les TSA (American Psychiatric Association, 2012; Nachshen et al., 2008) :
Pour recevoir le diagnostic de TSA (Autism Spectrum Disorder), les critères A, B, C et D doivent être satisfaits.
A. Difficultés persistantes dans les domaines de la communication et des interactions sociales, ne pouvant être expliquées par d’autres retards de développement généraux, témoignées par les 3 éléments suivants:
- Difficultés au niveau de la réciprocité socio-émotionnelle : variant d’une approche sociale anormale et incapacité de tenir une conversation en raison d’une réduction d’intérêts, d’émotions, d’affect et de réponses jusqu’à l’absence totale d’initiation d’interactions sociales.
- Déficience au niveau de l’utilisation des comportements non-verbaux lors des interactions sociales : variant d’une pauvre intégration des communications verbale et non-verbale, à certaines anomalies du contact visuel et du langage corporel ou déficience dans la compréhension et l’utilisation du non-verbal jusqu’à un manque total d’expression faciale et de gestes dans sa communication.
- Difficultés à développer et maintenir des relations interpersonnelles appropriées à niveau de développement (au-delà de celles avec ses proches) : variant de la présence de difficultés à adapter ses comportements en fonction de différents contextes, à des difficultés à faire-semblant (jeu symbolique) et à se faire des amis, jusqu’à un manque d’intérêt total concernant les gens autour.
B. La présence de comportements, d’intérêts ou d’activités à caractère restreint ou répétitif se manifestant par au moins 2 des éléments suivants :
- Langage, gestes moteurs ou utilisation d’objets stéréotypés ou répétitifs tels l’écholalie, l’utilisation d’un langage idiosyncratique ou l’utilisation répétitifs d’un objet.
- Adhérence extrême à des routines et rituels ou rigidité/résistance importante face aux changements (ex : mêmes aliments, rituel de gestes moteurs, détresse extrême lors de petits changements)
- Fixations ou restrictions importantes au niveau des intérêts qui sont d’intensité anormale (sentiment d’attachement très fort ou préoccupation avec des objets étranges, intérêts circonscrites).
- Hypo- ou hyperréactivité à certaines stimulations sensorielles ou intérêts pour la nature sensorielle de l’environnement (ex : réactions aversives à certains bruits et/ou textures, touche ou sent les objets de façon excessive, ne semble pas percevoir la douleur ou les changements de température, fascination avec les lumières).
C. Les symptômes doivent se présenter lors de la petite enfance (mais ne peuvent parfois devenir apparent que lorsque les exigences sociales dépassent les limites de l’individu)
D. Les divers symptômes présents limitent et entravent le fonctionnement quotidien de la personne.
*Traduction libre des critères diagnostiques du DSM-IV-TR et DSM-V, tirés de http://www.dsm5.org/ProposedRevision/Pages/proposedrevision.aspx?rid=94Tableau I- Différences entre les domaines du DSM-IV et de DSM-V
Domaines touchés selon la version du DSM-IV |
Domaines touchés selon la version du DSM-V |
1. Altération qualitative des interactions sociales
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1. Déficit persistant dans la communication sociale et les interactions sociales (tous les symptômes)
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2. Altération qualitative de la communication
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2. Caractère restreint et répétitif des comportements, champs d’intérêt et activités
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3. Caractère restreint, répétitif et stéréotypé des comportements, des champs d’intérêt et des activités
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*Informations tirées de American Psychiatric Association. DSM-IV-TR : manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. Texte révisé. 4e éd. Washington DC : L’Association; 2000. Traduction française par Guelfi JD et coll. Paris : Masson; 2003. Et de http://www.dsm5.org/proposedrevisions/pages/proposedrevision.aspx?rid=94#.
Prochaine section: Catégorisation et classification